Project Pitchfork dans les années 90, image disponible ici : http://www.shout.ru/exclusives/exclusive_interview_project_pitchfork_2004_e.htm.
Brisons un peu la monotonie des articles politiques ! L'intérêt d'avoir un blog est de pouvoir contourner les priorités des médias traditionnels, cela ne s'applique pas seulement à des idées politiques mais aussi à la culture ; j'ai dès la création de ce blog eu envie d'y remédier au vu de la sous-médiatisation catastrophique des genres musicaux pourtant riches que sont le metal, la musique industrielle et la musique gothique. Je vais donc m'efforcer de présenter des artistes qui méritent à mes yeux d'être connus, vidéos à l'appui. Le premier à y passer sera Project Pitchfork, formé par Peter Spilles et Dirk Scheuber à Hambourg en 1989.
Project Pitchfork est un groupe connu à la fois sur les scènes gothique et industrielle, parce qu'il est l'un des représentants les plus éminents d'un genre qui réunit ces deux traditions musicales : la darkwave. Celle-ci nait en Allemagne dans les années 90, à une époque où le gothique, qui se développait jusque-là surtout en Angleterre, était en perte de votesse et où une branche dansante de la musique industrielle, l'EBM, avait besoin d'un souffle nouveau ; la darkwave se développe essentiellement à partir de ces deux courants, mais elle brasse également d'autres influences dans les musiques électroniques comme la techno ou la synthpop. Des groupes commencent à pratiquer ces étranges mélanges au pays de Wagner, dont le plus ancien est Girls Under Glass ; c'est justement à l'un des concerts de cette formation que se rencontrent le chanteur Peter Spilles, qui composait auparavant sous le nom de Demoniac Puppets, et le claviériste Dirk Scheuber, ils font également connaissance à cette occasion avec Linda Patricia Nigiani qui prendra occasionnellement part au groupe par la suite. Après avoir tiré au hasard le mot "Pitchfork" pour se désigner, le jeune groupe enregistre en seulement trois jours un premier album baptisé Dhyani.
Project Pitchfork est un groupe connu à la fois sur les scènes gothique et industrielle, parce qu'il est l'un des représentants les plus éminents d'un genre qui réunit ces deux traditions musicales : la darkwave. Celle-ci nait en Allemagne dans les années 90, à une époque où le gothique, qui se développait jusque-là surtout en Angleterre, était en perte de votesse et où une branche dansante de la musique industrielle, l'EBM, avait besoin d'un souffle nouveau ; la darkwave se développe essentiellement à partir de ces deux courants, mais elle brasse également d'autres influences dans les musiques électroniques comme la techno ou la synthpop. Des groupes commencent à pratiquer ces étranges mélanges au pays de Wagner, dont le plus ancien est Girls Under Glass ; c'est justement à l'un des concerts de cette formation que se rencontrent le chanteur Peter Spilles, qui composait auparavant sous le nom de Demoniac Puppets, et le claviériste Dirk Scheuber, ils font également connaissance à cette occasion avec Linda Patricia Nigiani qui prendra occasionnellement part au groupe par la suite. Après avoir tiré au hasard le mot "Pitchfork" pour se désigner, le jeune groupe enregistre en seulement trois jours un premier album baptisé Dhyani.
Box of Steel, un morceau de l'album Dhyani particulièrement influencé par l'EBM, vidéo d'un fan.
Le résultat s'avère parfaitement inclassable : on y trouve des chansons mêlant à des doses variables des rythmes énergiques typiques de l'EBM, un peu de techno, des passages plus sombres dans la lignée du gothique notamment à travers le chant de Peter Spilles. Le groupe explore, se cherche, mais fait par-dessus tout preuve de créativité. Il se dégage cependant de l'album une même impression d'un groupe combatif, tant dans l'innovation musicale que dans ses paroles qui se distinguent déjà à l'époque par une défense ardente de l'écologie et du pacifisme, ce qui se marie étonnamment bien avec leur musique.
La formule de Project Pitchfork devient plus affirmée sur l'album suivant, Lam'bras : l'orientation y est résolument industrielle, celle d'une musique froide aux rythmes mécaniques, mais y transparaît également une dimension émotionnelle absente de l'EBM, d'autant plus poignante au milieu de cet univers glacé. Le titre Conjure, véritable hymne à la révolte contre les oppressions en tout genre, s'y distingue particulièrement.
La formule de Project Pitchfork devient plus affirmée sur l'album suivant, Lam'bras : l'orientation y est résolument industrielle, celle d'une musique froide aux rythmes mécaniques, mais y transparaît également une dimension émotionnelle absente de l'EBM, d'autant plus poignante au milieu de cet univers glacé. Le titre Conjure, véritable hymne à la révolte contre les oppressions en tout genre, s'y distingue particulièrement.
Conjure, clip réalisé par le groupe.
Project Pitchfork se montre particulièrement prolifique au cours des années suivantes, se mettant à sortir un album par an voire plus, devenant l'une des principales figures de la darkwave en plein essor, il en incarne une face moins sombre et plus dansante que Das Ich. Ainsi sortent les albums Entities, particulièrement marqué par la chanson Souls où Peter Spilles est en duo avec Linda Patricia Nigiani, Io qui est peut-être le plus intense de tous (et accessoirement mon préféré), Corps d'Amour à la musique un brin plus complexe, Alpha Omega qui est plus dansant que ses prédécesseurs... |
La chanson Carrion, l'un des morceaux les plus agressifs de l'album Io.
Une version étendue de la chanson Souls, présente sur l'album Souls/Island, compilation d'inédits.
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Requiem, chanson emblématique de l'album Alpha Omega, classique des boîtes gothiques dans les années 90.
Ne travaillant plus avec Linda Nigiani après Io, Project Pitchfork intègre en revanche un troisième membre qui sert de second claviériste, Juergen Jansen, devenu membre à plein temps avec l'album Chakra Red de 1997, qui présente la particularité d'intégrer pour la première fois des guitares saturées, d'ordinaire apanage du metal. Intégrant également de la batterie, cet album se montre moins minimaliste que ses prédécesseurs.
La chanson God Wrote, plus brutale que les œuvres précédentes de Project Pitchfork.
Project Pitchfork continue donc tout ce temps à évoluer, tout en restant axé sur des rythmes EBM couplés à une ambiance gothique. Un changement bien plus décisif se produit en 1998, avec l'album Eon : Eon, d'abord parce que Project Pitchfork revient à une formule plus épurée, mais surtout parce que la mélodie prend le pas sur les habituels rythmes EBM, témoignant d'un rapprochement avec la synthpop qui se confirme en 2001 avec Daimonion. Project Pitchfork se fait moins violent, mais plus mystérieux.
Le clip Steelrose, de l'album Eon : Eon.
Le changement n'est évidemment pas sans faire grincer les dents des plus attachés à l'aspect industriel de Project Pitchfork, mais ces albums variés et toujours avec leur personnalité trouvent leur public comme les précédents, Project Pitchfork en devient même plus accessible, comme un lointain cousin gothique de Depeche Mode. Mieux encore, en 2003 sort un DVD live enregistré à Dresde qui montre Project Pitchfork tel qu'il est sur scène, un groupe énergique pourvu d'un chanteur passionné.
Project Pitchfork interprétant Drone State.
La nouvelle orientation musicale s'accroit encore avec l'album Inferno de 2003, la musique de Project Pitchfork devient beaucoup moins froide que dans les années 90, plus mélodieuse, plus simple. Le scepticisme d'une partie des fans se renforce cependant au fil des albums, car Kaskaade en 2005 reste sur la même veine au point que l'on peine pour une fois à voir le renouvellement chez Project Pitchfork, ce qui est d'autant plus dommageable que le groupe n'a plus du tout l'énergie des années 90. Dream, Tiresias ! (2009) ou Quantum Mechanics (2011) souffrent des mêmes défauts, malgré des chansons plaisantes, seul Continuum Ride (2010) sort un peu du lot. Project Pitchfork vieillirait-il ?
Le clip Beholder, extrait de l'album Continuum Ride.
On aurait pourtant tort de se lamenter sur la gloire passée de Project Pitchfork : l'album Black de 2013 montre un groupe qui, s'il n'est plus la jeune formation des années 90, reprend des couleurs en réintroduisant de l'EBM et de la techno dans sa musique tout en gardant un aspect moins froid et plus léger que dans les années 90, prouvant qu'il peut encore se réinventer. Cela augurait bien la suite, et l'album Blood sorti en septembre 2014 confirme que Project Pitchfork a encore de la créativité à revendre, marquant un retour à une musique plus dure sans cesser d'innover. On ne peut que souhaiter à la formation construite presque entièrement autour de Peter Spilles d'être toujours aussi imaginative et endurante, après plus de vingt ans de bonne musique.
Le clip de la ballade Rain, tiré de l'album Black.
La chanson Game (For You), de l'album Blood (indisponible sur Youtube pour l'instant).